Cérémonie du 11 novembre 2023
Dépôts de fleurs au mémorial des Abrets en Dauphiné lors de la cérémonie du 11 novembre 2023 pour le Souvenir Français dont nous sommes partenaires.
Arrivée des américains en août 1944 aux Abrets
Photo prise par Henri Rogeat à l'époque officier de cavalerie, et confiée par Jacqueline Rogeat à l'association du patrimoine.
Le 23 août 1944 les américains libèrent Les Abrets
Le 15 août 1944 le débarquement de Provence sort notre région de l'étau de l'occupation allemande.
Retour sur une date essentielle de l'histoire de France.
CONTEXTE HISTORIQUE:
Le 15 Août 1944, sur les plages méditerranéennes, aux environs de St RAPHAEL et FREJUS, prennent pied la 7e Armée US et la 1ère Division Française Libre commandée par le Général De Lattre de Tassigny, composée de soldats des Forces Françaises Libre d’Afrique.
Après la prise de Toulon et de Marseille, les troupes remontent, d’une part la vallée du Rhône, délivrant AVIGNON, MONTELIMAR, VALENCE, pour arriver à LYON le 3 Septembre 1944, et d’autre part la route des ALPES, via GAP, pour libérer GRENOBLE le 22 Août 1944.
Dans ces combats pour la liberté, les maquis locaux de la Résistance jouèrent un rôle essentiel par leurs actions et leur connaissance du terrain, harcèlements, destructions des moyens de communications et de dépôts.
Ils se souviennent.......
Jacqueline Rogeat
« Je me souviens que quelques temps avant l’arrivée des américains, des soldats allemands m’avaient gentiment donné une tablette de chocolat, que j’acceptais volontiers, tant nous étions privés de tout. Mais une fois rentrée à la maison avec le précieux cadeau, mes parents le confisquèrent ! C’était mal venu. Arrivés aux Abrets, les américains installèrent leur campement au parc Bisso. Poussée par la curiosité, je me précipitais avec mes camarades au milieu des tentes, des JEEPS, des soldats dont nous ne comprenions pas la langue et surprise, certains soldats américains étaient noirs. C’était la fête, le soulagement, tout le monde riait, et je découvrais les chewing-gums.Un soir, mon père convia des officiers américains à la maison. Mes deux frères et moi-même, impressionnés par cette tablée, restions muets et attentifs aux discussions des adultes, difficiles à comprendre pour les enfants que nous étions. »
Charles Guinet
"« J’avais alors onze ans, je me souviens de ce beau mois d’août 1944.Autour du 20 août, de petits avions de reconnaissance allemands survolaient les Abrets afin de repérer des résistants.
La menace des mongols:
Un jour, vers le 21 ou 22 août est arrivée une troupe de soldats mongols enrôlés dans la Weirmacht, et commandée par des officiers allemands. Ils étaient en panne d’essence. Sur un ton très véhément et menaçant, ils disaient : « Si nous n’avons pas d’essence, nous mettons le feu au village » Cependant, d’autres militaires allemands qui contrôlaient le central téléphonique des Abrets, à proximité du cimetière, sont intervenus en faveur de la population, afin d’empêcher les mongols d’agir. Ravitaillés en essence, ils sont repartis. Un drame a été évité. Ils ont par la suite été arrêtés par des maquisards.
Les américains:
Tant attendus, ils sont enfin arrivés, venant de Grenoble. Des convois de chars d’assaut, de jeeps, de camions débâchés remplis de soldats GI assis. Ce flot continuel dura trois jours. Les américains faisaient halte un moment, puis repartaient. Ils installaient leurs tentes le long de la RN 75, dite « voie royale », sur la droite, pour laisser passer les voitures. Ils avaient érigé sur le pont de la rue Aristide Briand, une grande tente servant de cantine et de bar, où ils consommaient du whiskys. Mon père, demeurant à proximité, prenait l’apéritif avec eux. Ma tante Marcelle GUINET, bilingue, discutait le soir avec les soldats. Avec mon frère Jean, nous portions aux américains des fruits, contre lesquels, en remerciements, nous recevions des boites de conserve. Certains militaires venaient se baigner dans notre piscine familiale.
Mémoires posthumes:
André Boissieux
Notre Association du Patrimoine a rencontré à maintes reprises André Boissieux, qui très amicalement aimait à nous raconter ses actions lors de son passé de résistant, ce fut d’ailleurs l’objet d’un DVD (disponible sur demande)
Il fût en effet membre du Bataillon REMY, commandé par Joseph FRACASSETY (secteur 7).
André Boissieux a 21 ans en 1944 et, en ce 23 août, il participe activement aux combats de Bourgoin. Il nous a notamment relaté, avec sa verve coutumière, qu’à cette occasion, pris dans le collimateur du canon d’un char allemand « Tigre », il ne dût son salut que grâce au mauvais état de la route, truffée de trous et d’ornières, qui n’aurait pas permis au tireur d’ajuster correctement.
Assassinat de la Comtesse Elisabeth de Buffières à Succieu:
Adolescent, André travaille comme garçon de ferme au château de Milliassière chez le comte et la comtesse de Buffières. A ce titre, il la connaissait très bien, c’était une personne d’une grande bonté.
C’est donc avec émotion qu’il a appris le pillage du château, le viol et l’assassinat d’Elisabeth de Buffières ce 23 août 1944, par ce que l’on a appelé « le maquis noir ». Le Comte et la Comtesse n’eurent jamais aucune accointance avec l’ennemi.
Lucien Guillaud
Alors jeune boucher aux Abrets, il se souvenait de cette arrivée des américains. Il n’avait jamais vu autant de Noirs, dont la carrure, l’assurance et la joie de vivre l’avait impressionné et avait également été subjugué par la dextérité avec laquelle les chauffeurs manœuvraient leurs camions GMC pour les aligner.
Michèle Baud
J’avais 15 ans à la Libération.
J’allais en vélo chez mon oncle, Emile Bourgeat, rue Jules Ferry. Pendant mon trajet, je me suis aperçue que les allemands récupéraient hâtivement les vélos dans toutes les maisons. Arrivée à destination, j’ai dit : « allons vite cacher nos vélos car les allemands les réquisitionnent »
Nous avons sans attendre, caché nos bicyclettes derrière un gros massif d’hortensias. A peine revenus, les occupants étaient déjà au portail, et fouinaient dans le garage qui était vide !
Dans le même temps, mon père se faisait voler le sien. Il s’accrochait fermement à celui-ci, prétextant vouloir récupérer ses sacoches. Une personne présente lui a dit : « Monsieur Bourgeat, laissez partir votre vélo, vous allez recevoir un mauvais coup ».
Le lendemain, je revenais de porter des légumes à des amis de mes parents, qui demeuraient rue de la République.
Je rencontrais un ami, Paul BAUD, qui deviendra plus tard mon mari. Il faisait la circulation à la Croisée, mitraillette au bras. Je portais ce jour-là, une robe blanche, assortie d’une ceinture bleue et rouge.
Avant la Libération
Violence des années 43,44, sous l’occupation NAZIE
Notre région va payer un lourd tribut, pour gagner notre liberté, parmi la résistance et la population civile.
Cette période trouble eut hélas son lot d’exactions de tous bords, dénonciations abusives, arrestations arbitraires et exécutions sommaires.
L’exemple caractéristique, fut dénommé par la suite par les historiens « la St Barthélémy Grenobloise ». Elle est restée tristement célèbre par la sauvagerie des troupes SS et des miliciens français.
- Le 11 novembre 1943, en suite d’une manifestation massive dans les rues de Grenoble, un millier de partisans de la liberté furent arrêtés ; une grande partie d’entre eux déportée.
Dans les jours qui suivirent, plusieurs chefs de la résistance locale sont abattus ou arrêtés.
Plus proche des Abrets, nous pouvons mentionner en autre :
- Le 10 mai 1944 : La Tour du Pin
La ville est investie par la police allemande et la milice française, arrêtant des personnes liées à la résistance, des juifs, des militants gaullistes et communistes. Un grand nombre sont déportés, peu reviendront au pays.
- Le 11 juin 1944 : Reculfort
Des gendarmes de La Tour du Pin, venus encadrer le groupe de la résistance AS de Pont de Beauvoisin, sont surpris à l’aube dans une grange de Reculfort par les allemands. Sept d’entre eux sont abattus, ainsi qu’un jeune instituteur de Fitilieu, Marcel CARRE-PIERRAT. Lors de ses obsèques, un témoignage :
« … j’étais enfant de cœur, et par conséquent à l’avant de l’immense cortège qui accompagnait le cercueil en direction de Fitilieu. J’ai décidé de me retourner sur le pont de chemin de fer. La foule envahissait la nationale 75. Je n’en voyais pas le bout. Les commerçants avaient baissé leurs volets en signe de deuil »
En hommage, la ville des Abrets va lui attribuer le nom d’une de ses rues.
- Le 7 juillet 1944 : St André le Gaz
Important nœud ferroviaire, le secteur fit l’objet par la résistance de nombreux sabotages provocant des déraillements de trains.Le 7 juillet, les maquisards récupèrent un ravitaillement de farine sur un convoi contraint à l’arrêt. Alertés, des militaires allemands, ainsi que des miliciens venus de Lyon investissent la commune. Treize personnes sont exécutées, des otages déportés, des boulangeries incendiées.
Le massif de Chartreuse, proche de chez nous, à l’instar du Vercors, fut aussi un haut lieu de la résistance Elle y a mené de nombreuses actions, notamment contre les liaisons ferroviaires Lyon-Grenoble et Lyon-Chambéry
Ce beau mois d'août 1944, Les Abrets sont libérés.
La liberté est retrouvée!
Le 7 septembre 1945 parait le N°1 du Dauphiné Libéré, fondé par 7 membres de la Résistance.
Cet immédiat après-guerre, voit aussi la création d’associations de résistants et de déportés qui vont jouer un rôle essentiel dans la transmission du souvenir de cette époque.
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